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Présenté lors d’une réunion de concertation le 7 novembre dernier ( et mis en ligne sur http://www.batiment-energiecarbone.fr), le document intitulé « Evolutions de la méthode d’évaluation Energie Carbone et indicateurs testés en vue de la RE2020 » semble vouloir cranter un certain nombre d’arbitrages de la DHUP et de la DGEC, bras armés des ministères de la transition écologique et solidaire et de la cohésion des territoires.

A la lecture de ce document, on constate que l’administration semble finalement vouloir introduire un nouveau coefficient d d’énergie primaire de l’électricité qui serait abaissé de 2,58 aujourd’hui dans la RT 2012 à 2,3 dans la RE2020.

Après voir proposé lors d’une précédente réunion de concertation en avril 2019 un coefficient de 2,1 qui avait engendré une levée de bouclier de la part de nombreux acteurs du génie climatique, ce choix du 2,3 semble être le fruit d’un compromis.

« Faut-il le rappeler, le coefficient d’énergie primaire de l’électricité est une réalité physique, et non une valeur négociable. Pourquoi proposer 2,1, puis 2,3 ? Est-ce un marchandage ? », souligne Thierry Rieser, gérant du BE Enertech qui a activement participé aux travaux techniques préparatoires de la RE2020. « En accord avec les règles Européennes, nous devrions adopter la valeur actuelle du coefficient telle que définie par le scénario présenté par la DGEC elle-même en avril 2019, soit 2,74, et le réviser dans 5 ans pour suivre les évolutions réellement constatées ! Ad minima le maintien du statuquo à 2,58 pourrait être une solution raisonnable qui éviterait de rouvrir ce débat explosif ».

Modification de l’impact carbone du chauffage électrique en parallèle

Ce dernier est d’autant plus inquiet qu’à cette modification du coefficient d’énergie primaire de l’électricité pourrait s’ajouter une évolution de l’impact carbone du chauffage électrique qui pourrait être de réduit de 210 gCO2/kW.h dans le label E+C- à 80 gCO2/kW.h,

« Alors que le 80 gCO2/kW.h est une valeur proche de la moyenne annuelle des émissions carbone du mix énergétique français,la valeur de 210gCO2/kWh provient de la base Carbone de l’Ademe établie en 2013, et prend en compte le fait qu’en moyenne mensuelle hivernale le mix énergétique s’appuie sur un recours important aux énergies fossiles, à cause précisément du chauffage électrique. Nous ne comprenons pas ce qui justifierait physiquement d’abaisser ce coefficient dans la RE2020. Il est donc important de maintenir cette valeur hivernale dans la future réglementation, quitte à anticiper des évolutions du mix français à l’avenir, et adapter la valeur au fil du temps aux évolutions constatées objectivement », explique Thierry Rieser.

Si ces arbitrages étaient gravés dans le marbre de la RE2020, le radiateur électrique pourrait bien faire son grand retour dans le neuf après avoir été expulsé manu-militari avec la RT2012.

PAC VS radiateur électrique

Mais pour Thierry Rieser si le souhait du gouvernement est de « décarboner le chauffage » avec des solutions électriques nul besoin de faire mentir la physique.  « La pompe à chaleur performante, c’est à dire avec un coefficient de performance (COP) annuel supérieur à 3, est déjà gagnante sur tous les tableaux en prenant en compte les coefficients physiques actuels. Pour l’énergie, si on ramène le COP annuel à un rendement en énergie primaire 3 / 2,74 = 109%, c’est déjà un rendement annuel en énergie primaire supérieur ou égal à toute chaudière gaz. Et sur le carbone, avec le coefficient physique de 210 gCO2/kW.h pour l’électricité pour le chauffage, la PAC émet 210 / 3 = 70 gCO2 par kW.h de chaleur produite, c’est déjà bien mieux qu’une chaudière gaz à environ 240 / 95% = 252 gCO2 par kW.h (pour une hypothèse de rendement annuel de 95%, sachant qu’une autre hypothèse ne changerait pas l’ordre de grandeur) », détaille l’ingénieur.

Affaire à suivre…